Gestion des médicaments

Gestion des médicaments

Retrouvez un ensemble d’actions et de ressources primordiales pour mener à bien une politique de gestion des médicaments optimale dans votre institution. De la sécurisation de la prescription, la délivrance fiable, les erreurs lors de transitions de soins à l’implication des patients et bien plus encore, inspirez vous et mettez en place des changements en vue d’améliorer cette thématique prioritaire.

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Responsable Aurélie De Niet
Dernière mise à jour 01/07/2024
Temps d'achèvement 5 minutes
Membres 57
Le driver diagramme

Le driver diagramme

La PAQS a développé ce driver diagramme axé sur la gestion des médicaments sur base d’une recherche de la littérature, de guides pratiques et de recommandations. Il permet de déterminer les actions à mettre en place pour atteindre l’objectif visé de diminuer les erreurs médicamenteuses. Les drivers diagrammes sont dynamiques et peuvent évoluer au cours du projet.

Les sections qui suivent reprennent un par un les déterminants de premier niveau :

  1. Sécuriser la prescription
  2. Assurer une délivrance fiable
  3. Assurer une administration fiable
  4. Éviter les erreurs lors des transitions de soins
  5. Améliorer continuellement le circuit médicamenteux
  6. Engagement du patient/famille

Dans chacune de ces sections, les déterminants de deuxième niveau sont repris avec ajout de recommandations, outils et actions concrètes qui peuvent vous être utile dans la mise en place de changements dans votre institution.


Introduction
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Le driver diagramme

La PAQS a développé ce driver diagramme axé sur la gestion des médicaments sur base d’une recherche de la littérature, de guides pratiques et de recommandations. Il permet de déterminer les actions à mettre en place pour atteindre l’objectif visé de diminuer les erreurs médicamenteuses. Les drivers diagrammes sont dynamiques et peuvent évoluer au cours du projet.

Les sections qui suivent reprennent un par un les déterminants de premier niveau :

  1. Sécuriser la prescription
  2. Assurer une délivrance fiable
  3. Assurer une administration fiable
  4. Éviter les erreurs lors des transitions de soins
  5. Améliorer continuellement le circuit médicamenteux
  6. Engagement du patient/famille

Dans chacune de ces sections, les déterminants de deuxième niveau sont repris avec ajout de recommandations, outils et actions concrètes qui peuvent vous être utile dans la mise en place de changements dans votre institution.


1. Sécuriser la prescription
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1.3 Supports d'aide à la prescription

Deux points dans cette partie :


1. Protocoles de prescription spécifiques pour les Médicaments à haut risque (MHR) et les populations à risque

Certaines prescriptions sont considérées à haut risque et exigent une attention particulière :

​En pédiatrie :

    • Adapter la dose au poids (mentionné dans la prescription)
    • Prendre en compte la nécessité de fractionner les doses disponibles pour adultes ou de préparer la dose à administrer à un volume ou une concentration adaptée à l’enfant.

​En gériatrie :

    • Tenir compte de la clairance rénale, du poids, de la capacité de déglutition et de l'autonomie de la prise des médicaments.

​Médicaments à haut risque (ex. Stupéfiants, chimiothérapie) :

    • Prendre en compte les conditions de prescription réglementées (prescripteur habilité, prescription nominative)
    • Sécuriser la prescription (ex. : indication en toutes lettres du nombre d’unités thérapeutiques par prise, du nombre de prise, du dosage, de la durée, etc.).

2. Liste d’abréviations à proscrire

L’utilisation de certaines abréviations, symboles et inscriptions numériques lors de la rédaction de prescriptions médicamenteuses ont a été identifiée comme une cause sous-jacente de certains accidents graves, voire fatales, liés à la médication. On estime, en effet, que l'usage de ces abréviations (nom, dose, fréquence) serait responsable de près de 5 % des erreurs médicamenteuses, principalement lors de la prescription. Ces abréviations dangereuses ou interdites sont des abréviations/symboles non reconnues ou mal interprétées pouvant entrainer des erreurs lors de la lecture, interprétation et traitement des prescriptions.  En 2006, l’Institut pour l’utilisation sécuritaire des médicaments du Canada (ISMP Canada) a publié une liste des abréviations, symboles et des désignations de dose présentant un danger ; elle a depuis été largement utilisée comme référence par les établissements de santé pour sécuriser la prescription des médicaments.

 



Références bibliographiques :

  • HAS. Évaluation de la prise en charge médicamenteuse selon le référentiel de certification. HAS:2022
  • Brunetti L, Santell JP, Hicks RW. The impact of abbreviations on patient safety. Jt Comm J Qual Patient Saf. 2007;33:576–83
  • Li E, Marrandino J, Marshall S, Harris D, Slavik RS, Gorman SK. Evaluation of the quality of 'do not use' medication abbreviation audits: a key enabler to successful implementation of audit and feedback. Int J Clin Pharm. 2021 Jun;43(3):748-752.
  • Med abbrevs. Lancet. 2007 Nov 17;370(9600):1666.
  • Dooley MJ, Wiseman M, Gu G. Prevalence of error-prone abbreviations used in medication prescribing for hospitalised patients: multi-hospital evaluation. Intern Med J. 2012 Mar;42(3):e19-22.
  • Rodziewicz TL, Houseman B, Vaqar S, Hipskind JE. Medical Error Reduction and Prevention. 2024 Feb 12. In: StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing; 2024 Jan–.
  • ISMP. Do not use: dangerous abbreviations, symbols and dose designations. Toronto (ON): Institute for Safe Medication Practices Canada; 2020. https://www.ismp-canada.org/download/ISMPCanadaListOfDangerousAbbreviations.pdf



1.2 Centralisation des prescriptions médicamenteuses

Processus de vérification de la prescription (vérification par la pharmacie et/ou via un logiciel informatique)

La bonne gestion des médicaments exige une vérification préalable de la prescription du médicament. Cette vérification implique la vérification, par un pharmacien ou un autre professionnel habilité, de la pertinence du médicament, par rapport au patient et à ses besoins cliniques. Les critères suivants sont normalement vérifiés :

  • La pertinence du médicament, la dose, la fréquence et la voie d’administration
  • Le poids du patients et autres informations physiologiques importantes (capacité de déglutition, fonction rénale etc.)
  • Les doublons thérapeutiques
  • Les allergies du patient
  • Les potentielles interactions médicamenteuses
  • Autres contre-indications

Cette vérification doit être réalisée à chaque nouvelle prescription (même en cas de modification de la posologie) et peut être réalisée par un pharmacien, pendant les horaires de travail normaux de la pharmacie, ou un autre membre du personnel dûment formé en dehors des heures d’ouverture de la pharmacie. Le processus de vérification peut être réalisée manuellement sur base des documents de référence ou via des logiciels informations programmes informatiques. Lorsque des logiciels informations sont utilisés (en anglais « Computetized-Presciber-Order-Entry ») ceux-ci doivent être appropriés (en termes d’aide à la décision et sécuritaire pour les patients) et mis à jour régulièrement.


1.1 Prescription standardisée et sécurisée

Deux points importants dans cette partie : 

Uniformisation du processus de prescription au sein de l'institution

Pour sécuriser la prescription médicamenteuse, il est important d’uniformiser et définir les éléments nécessaires pour une prescription complète et valide, notamment :

  • Les personnes habilitées à prescrire
  • Les donnes nécessaires pour identifier le patient
  • Les éléments essentiels de toute prescription
  • Le type de prescription « spéciales » (ajustées en fonction du poids ou d’autre critères spécifiques, comme celles destinées à la population pédiatrique, gériatrique ou la prescription de médicaments à haut risque (MHR)).

Des processus doivent également prévus lorsque les prescriptions sont incomplètes, illisibles ou confuses, les prescriptions en cas d’urgence, ainsi que les prescriptions sous forme verbale ou par téléphone.

 

Interdiction des prescriptions verbales

Les prescriptions verbales (orales, par téléphone, sms etc.) engendrent un risque considérable de malentendus (non compréhension de la dose, du nom du médicament ou de l’identité du patient) et compromettent la sécurité du patient. Dans la mesure du possible elles doivent être évitées, voire interdites. Cependant, dans certains cas, notamment en cas d’urgence, la prescription verbale peut être présente et inévitable. Pour éviter des erreurs médicamenteuses et afin que la prescription verbale réponde aux impératifs de sécurité, il est impératif que cette situation soit encadrée et soutenue par des protocoles validés.

En lien avec un environnement d’urgences, la prescription médicale orale est présente et inévitable. La prescription orale permet une rapidité d’action lors d’urgences vitales et permet de répondre aux besoins du patient. Or, afin que cette prescription réponde aux impératifs de sécurité et soit bien comprise par tous, il s’avère utile de mettre en place quelques outils. En effet, la prescription orale présente un risque accru d’erreurs médicamenteuses (Santos et al., 2019) lié à la non compréhension de la dose, du médicament ou de l’identité du patient. Les outils qui peuvent être utilisés pour réduire ce risque d’erreur seront développés dans les pistes de réflexion. Pour mettre en place une prescription verbale sécurisée :

  • La prescription verbale doit contenir toutes les informations d’une prescription écrite
  • La personne qui reçoit la demande doit répéter ou reformuler à voix haute la prescription pour confirmer et valider l’information (méthode reading back ou la communication en boucle fermée)
  • La prescription doit être consignée le plus vite possible dans le dossier du patient ;
  • La prescription doit être revue, validée et signée par le prescripteur, le plus tôt possible.

 La technique de communication en boucle fermée, développée par l’AHRQ, est une technique simple qui garantit que l’information énoncée par l’expéditeur est bien comprise par le destinataire. Elle comprend trois étapes-clés :

  1. L'expéditeur initie le message
  2. Le récepteur accepte le message et reformule le contenu
  3. L’expéditeur vérifie l’exactitude du message répété pour confirmer qu’il a été bien compris.

Dans le même principe, la technique du read-back/repeat-back, développée la JCI, permet à la personne recevant la prescription verbale de documenter par écrit et la répéter verbalement afin que l’auteur du message puisse confirmer la compréhension correcte de l’information avant que la prescription soit exécutée.


Références bibliographiques :

  • Barenfanger J et al. Improving patient safety by repeating (read-back) telephone reports of critical information. American Journal of Clinical Patholology, 2004, 121:801-803.
  • Brown JP. Closing the communication loop: using readback/ hearback to support patient safety. Jt Comm J Qual Patient Saf 2004;30:460–4.


2. Assurer une délivrance fiable
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2.3 Zone de stockage et équipements adaptés

Cette partie concerne l'entreposage sécurisé des médicaments à haut risque (MHR) et les look-alike sound-alike (LASA)

Les MHR et LASA doivent être stockés dans des conditions qui réduisent la probabilité d’une administration accidente. Les recommandations pour sécuriser le stockage des MHR et LASA et limiter le risque d’erreurs :

  • En pharmacie :
    • Identification des MHR et LASA dès leur réception en pharmacie ;
    • Identification des MHR (ex. : étiquettes pour attirer spécifiquement l'attention sur les informations importantes, mise en évidence en couleur des informations importantes sur les étiquettes, symbole d’alerte, rangement séparé) et s’assurer que les conditions de lisibilité du produit soient optimales (taille de la police, utilisation de couleurs, luminosité, etc.).
    • Séparation des médicaments présentant des similitudes visuelles (look-alike) et sonores (sound-alike) ou utilisation de détrompeurs visuels pour les distinguer (ex. :  labéliser les médicaments LASA afin de maximiser la différence d'emballage ; utilisation de majuscules sur les étiquettes pour accentuer les noms ressemblants) ;
    • Réalisation d’audits d’entreposage de manière régulière.


  • Dans les unités de soins
    • L’entreposage des médicaments à haut risque dans les unités de soins doit être discuté et validé de manière pluriprofessionnelle (pharmacien, chefs de service, médecin) et décidé à l’égard des besoins et de l’activité de l’unité ;
    • Standardisation et limitation du nombre de concentrations disponibles ;
    • Limitation du stockage de certains MHR (ex. : électrolytes concentrés, stupéfiants, anticoagulants à dose élevé) ;
    • Stockage sécurisé et accès limité (ex. : armoire fermée à clé) pour certains médicaments (ex : stupéfiants) ;
    • Réalisation d’audits d’entreposage de manière régulière ;
    • Identification des MHR (ex. : étiquettes pour attirer spécifiquement l'attention sur les informations importantes, mise en évidence en couleur des informations importantes sur les étiquettes, symbole d’alerte, rangement séparé) et s’assurer que les conditions de lisibilité du produit soient optimales (taille de la police, utilisation de couleurs, luminosité, etc.).
    • Séparation des médicaments présentant des similitudes visuelles (look-alike) et sonores (sound-alike) ou utilisation de détrompeurs visuels pour les distinguer (ex. :  labéliser les médicaments LASA afin de maximiser la différence d'emballage ; utilisation de majuscules sur les étiquettes pour accentuer les noms ressemblants) ;
    • Standardisation du processus de rangement et d’identification des MHR et LASA dans l’ensemble de l’organisation.



Références bibliographiques :

o   Grissinger M. Your High-Alert Medication List Is Relatively Useless Without Associated Risk-Reduction Strategies. P T. 2016 Oct;41(10):598-600.

o   Groupe de travail ad hoc médicaments à haut risque. Guide de soutien pour une politique de gestion des médicaments à haut risque dans le cadre du programme pluriannuel qualité et sécurité des patients 2013-2017.SPF Santé publique : Sécurité de la Chaîne Alimentaire et Environnement.2015.


2.2 Stockage sécurisé afin de prévenir les erreurs de sélection (en pharmacie et dans les unités de soins)

Cette partie concerne l'uniformisation et sécurisation de l'entreposage des médicaments (en pharmacie et dans les unités de soins)

Le stockage des médicaments doit être sécurisé et uniforme dans l’ensemble de l’organisation. Quelques recommandations concernant le stockage des médicaments en pharmacie et dans les unités de soins :

  • Définition des responsabilités :
    • Le pharmacien et les chefs de service définissent le rangement des médicaments dans la pharmacie et les unités de soins, respectivement ;
    • Le chef de service définit, en collaboration avec la pharmacie, les procédures de délivrance, réception et conditions de stockage des médicaments ;
    • Le pharmacien et le chef de service définissent la dotation de l’unité (notamment en ce qui concerne les médicaments d’urgence)
    • Le pharmacien contrôle les quantités de médicaments (en fonction de la dotation du service), le respect des règles d’identification, de stockage et de conservation des médicaments.
    • Des audits sont réalisés de manière régulière afin de s’assurer du bon respect des règles de stockage. 


  • Stockage à la pharmacie :
    • Les zones de stockage sont bien identifiées et idéalement divisées en plusieurs zones spécialisées en fonction des produits stockés ;
    • Les zones de stockage respectent les règles de sécurité, de conservation, d’hygiène, d’ergonomie et de réglementation ;


  • Stockage dans les unités de soins :
    • Les équipements de stockage doivent respectés la sécurité, la confidentialité, les conditions de conservation, l’hygiène, l’ergonomie et la fiabilité.
    • Le rangement et la procédure de stockage doivent être standardisées
    • La zone de stockage doit être idéalement indépendante de la zone de préparation ;
    • Tous les médicaments doivent rester identifiables jusqu’à l’administration ;
    • Les locaux doivent avoir un éclairage suffisant ;
    • Une personne doit être désignée comme réfèrent de la gestion du stock de l’unité ;
    • Le retour de médicaments à la pharmacie doit suivre une procédure spécifique ;
    • Les médicaments stockés sont protégés contre la perte et vol.

 


Références bibliographiques :

o   Institute for Safe Medication Practices (ISMP). Spotlight on the key elements of the medication-use system, part 1. ISMP Med Saf Aler Com/Amb 2003 Oct;2(10):3-4.

o   Institute for Safe Medication Practices (ISMP). 2004 ISMP medication safety self assessment for hospitals [online]. 2004

o   HAS. Évaluation de la prise en charge médicamenteuse selon le référentiel de certification. HAS:2022


2.1 Distribution fiable et en temps opportun de médicaments

Cela concerne la mise en place d'un système uniforme et fiable de distribution et délivrance des médicaments (en privilégiant la délivrance individuelle nominative)

Le système de délivrance des médicaments doit être fiable afin de minimiser le risque d’erreurs médicamenteuses et de distribuer les médicaments à la dose correcte, au bon patient et en temps opportun. Les recommandations dans la littérature préconisent :

  • Privilégier la délivrance nominative (préparation des médicaments prise par prise, pour chacun des patients, et délivrés aux unités de soins en doses unitaires, par patient), associée à un risque d’iatrogénie médicamenteuse plus faible ;
  • Lorsqu'un médicament est retiré de son emballage d’origine ou est préparé en pharmacie, il doit être identifiable (de manière claire et fiable) ;
  • Respecter les conditions de transport (chariots identifiés et scellés, transport rapide pour les besoins urgents et les produits à faible stabilité, respect de la confidentialité du patient, respect de bonnes pratiques d’hygiène et de conservation des produits, entre autres) ;
  • Garantir la mise en place de la réception des produits médicamenteux en unité de soins (lieu, personnel responsable etc.)
  • Assurer la livraison sécuritaire lorsque la pharmacie est fermée.
  • Garantir la traçabilité des tous les produits délivrés. 




Références bibliographiques :

o   Aldhwaihi K, Schifano F, Pezzolesi C, Umaru N. A systematic review of the nature of dispensing errors in hospital pharmacies. Integr Pharmacy Res Pract. 2016;5:1.

o   Ciapponi A, Fernandez Nievas SE, Seijo M, Rodríguez MB, Vietto V, García-Perdomo HA, Virgilio S, Fajreldines AV, Tost J, Rose CJ, Garcia-Elorrio E. Reducing medication errors for adults in hospital settings. Cochrane Database Syst Rev. 2021 Nov 25;11(11):CD009985

o   Institute for Safe Medication Practices (ISMP). 2004 ISMP medication safety self assessment for hospitals [online]. 2004


3. Assurer une administration fiable
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3.4 Assurer une préparation ou reconstitution extemporanée sécuritaire

Cette partie concerne la mise à disposition des conditions nécessaires pour la préparation sécurisée des médicaments.

Les recommandations pour la préparation des médicaments dans les unités de soins :

  • Mettre à disposition une zone de préparation adaptée, qui respecte le circuit du médicament, la sécurité de la préparation et les règles d’hygiène 
    • La zone de préparation doit être bien identifiée ;
    • La zone de travail doit être propre
    • Les conditions de préparation sont optimisées (lumière, bruit, interruptions etc.)
  • Favoriser une zone indépendante des zones stockage et de distribution des médicaments ;
  • Respecter un délai proche de l’administration (la préparation doit être effectuée le plus près possible de l’administration) ;
  • Toutes les préparations doivent être clairement identifiées et étiquetées (nom du médicament, posologie/concentration, date de préparation, date d’expiration et le nom du patient);
  • Mettre en place une double vérification (vérification croisée) de la préparation (dans des contextes bien précis)
  • Mettre à disposition des outils d’aide à la préparation :
    • Procédures de préparation accessibles (ex. : procédures d’administration per os et injectables, liste des médicaments broyables et à ne pas écraser)
    • Outils d’aide au calcul de dose et table de conversions
    • Protocole de préparation de médicaments injectables, à haut risque et chimiothérapies.

Références bibliographiques :

o   Haute Autorité de Santé. Guide ADM - Outils de sécurisation et d’auto-évaluation de l’administration des médicaments; 2011

o   HAS. Évaluation de la prise en charge médicamenteuse selon le référentiel de certification. HAS:2022


3.3 Impliquer le patient

Cette partie concerne l'administration sécurisée avec application de la règle des 5B.

Pour sécuriser l’administration médicamenteuse et éviter toute erreur survenant à cette étape il est impératif de prévoir un processus pour vérifier systématiquement la concordance entre le médicament, le patient et la prescription. La règle des 5B est un outil mnémotechnique développé par l’ISMP qui permet de sécuriser de manière systématique l’administration médicamenteuse : Administrer au Bon patient, le Bon médicament, à la Bonne dose, sur la Bonne voie, au Bon moment.

 

 

Par ailleurs l’administration des médicaments requiert des connaissances et expériences spécifiques. Chaque établissement doit identifier les professionnels ayant les compétences et les connaissances nécessaires pour administrer les médicaments.

 Après l’administration celle-ci doit être tracée dans le dossier du patient, au moment le plus proche de la prise. En cas de non administration les raisons doivent également être notées dans le DPI.


Références bibliographiques :

o   Haute Autorité de Santé. Guide ADM - Outils de sécurisation et d’auto-évaluation de l’administration des médicaments; 2011


3.2 Sécuriser l'administration des MHR, formes injectables et pompes à perfusion

Cette partie concerne la réalisation d’un double contrôle pour l’administration des MHR. 

La double vérification est un système de contrôle croisé sur des critères d’administration entre deux professionnels de soins, réalisée de façon indépendante. Le but est de prévenir les erreurs médicamenteuses avant l’administration. Cette double vérification doit être appliquée à des points stratégiques du circuit du médicament (ex. Préparation et administration de MHR) afin d’améliorer la sécurité, sans pour autant alourdir la charge de travail.

Quelques recommandations pour mettre en place une double vérification pour l’administration de MHR :

  • Identifier les médicaments, les secteurs et/ou les procédures qui exigent une double vérification et définir la procédure de double vérification concrète selon l’objectif visé, le moment du processus de médicament auquel elle aura lieu et son contenu. Pour rappel :
    • La double vérification est réalisée indépendamment du 1er professionnel
    • La contre-vérification de la préparation de la dose est réalisée jusqu’à l’administration au patient
    • Dans tous les cas, le 1er professionnel vérifie son propre travail jusqu’à la contre-vérification
    • Le médicament doit être administré immédiatement après le deuxième contrôle
  • Définir pour chaque contrôle les sources d’informations pour comparaison (et créer une check-list pour les items à contrôler) ;
  • Élaborer des procédures qui contiennent des directives claires et concrètes des items sur comment mener les doubles contrôles ;
  • S’assurer que les professionnels connaissent et sont formés aux procédures de contrôles
  • Créer des conditions de travail adaptés aux doubles contrôles (sources d’informations disponibles, locaux de travail adaptés, moyens humains et fonctionnels adaptés).


Références bibliographiques :

o   Koyama AK, Maddox CS, Li L, Bucknall T, Westbrook JI. Effectiveness of double checking to reduce medication administration errors: a systematic review. BMJ Qual Saf. 2020 Jul;29(7):595-603.

o   Sécurité des patients Suisse. Le (double) contrôle de la médication à haut risque: recommandations destinées aux hôpitaux suisses. SPS: Publication nº10; 2023.

o   Haute Autorité de Santé. Guide ADM - Outils de sécurisation et d’auto-évaluation de l’administration des médicaments; 2011


4. Eviter les erreurs lors des transitions de soins
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4.3 Réconciliation médicamenteuse à la sortie

Afin de garantir la continuité du traitement médicamenteux et veiller à ce que les soins se poursuivent de manière adéquate, il est indispensable de réaliser la réconciliation médicamenteuse à la sortie de l’établissement. Les informations sur les traitements prescrits, les modifications apportées au traitement ainsi que les raisons de ces modifications doivent être clairement communiquées au patient/famille et aux professionnels de soins qui vont prendre en charge le patient après sa sortie de l’établissement.


4.2 Réconciliation médicamenteuse lors des transferts de soins

Les transferts au sein d’un établissement exigent souvent une modification et/ou adaptation du traitement médicamenteux. Le manque de communication entre les équipes de soins expose les patients à un risque élevé d’erreurs médicamenteuses. Afin de prévenir ce risque d’erreurs, il est important de comparer systématiquement la médication du service qui transfère le patient (unité donneuse) avec celle du service dans lequel il est transféré (unité receveuse) et la médication avant l’admission du patient.



4.1 Réconciliation médicamenteuse à l’admission

La réconciliation médicamenteuse (RM) est un processus formalisé qui prend en compte, lors d’une nouvelle prescription, tous les médicaments pris et à prendre par le patient. Elle implique le patient et repose sur le partage d’informations ainsi que sur une coordination pluriprofessionnelle. Elle prévient ou corrige les EM en favorisant la transmission d’informations complètes et exactes sur les médicaments du patient, entre professionnels de santé et aux points de transition, à savoir l’admission, la sortie et les transferts. Idéalement, la RM doit être effectuée à chaque contact du patient avec les soins de santé, permettant aux professionnels de santé de revoir la liste des médicaments et d'identifier les potentiels risques liés aux interactions, duplications, écarts, omissions et contre-indications médicamenteuses. La RM permet également de clarifier pour les patients certaines informations concernant leurs médicaments, notamment les doses, la fréquence, ainsi que d’autres instructions d’utilisation. Une liste de la médication du patient – accessible, à jour et complète – peut réduire les EI liés aux médicaments. La plupart des études réalisées sur la RM témoignent de cette réduction.

La réconciliation médicamenteuse à l’admission repose sur le relevé complet et précis de tous les médicaments pris avant l’entrée à l’hôpital (meilleure anamnèse médicamenteuse possible) et sur l’enregistrement des données recueillies sous la forme d’une liste qui accompagnera le patient tout au long de son séjour hospitalier. À chaque point de transition du parcours de soins (admission, transferts et sortie) où le traitement médicamenteux est réévalué, la prescription est établie sur la base de cette liste. Au moment du départ du patient, celle-ci permet, après comparaison avec le traitement administré durant le séjour à l’hôpital, une reprise optimale de la médication préhospitalière.



En ressources additionnelles, vous trouverez trois guides complets, de l’HAS, Fondation pour la sécurité des patients suisse ou de l’ISMP Canada, qui vous aideront à mettre un processus de réconciliation médicamenteuse aux points de transition dans votre institution.



Références bibliographiques :

o   World Health Organization. High5s implementation guide: medication reconciliation. 2021.

o   Institute for Healthcare Improvement. Medication reconciliation to prevent adverse drug events. https://www.ihi.org/Topics/ADEsMedicationReconciliation/Pages/default.aspx.

o   Mueller SK, Sponsler KC, Kripalani S, Schnipper JL. Hospital-based medication reconciliation practices: a systematic review. Arch Intern Med. 2012 Jul 23;172(14):1057-69.

o   Mekonnen AB, McLachlan AJ, Brien J-AE. Pharmacy-led medication reconciliation programmes at hospital transitions: a systematic review and meta-analysis. J Clin Pharm Ther. 2016;41:128–44.

o   Haute Autorité de la Santé (HAS). Mettre en œuvre la conciliation des traitements médicamenteux en établissement de santé. HAS. 2018

o   Fondation Sécurité des patients Suisse. Vérification systématique de la médication dans les hôpitaux de soins aigus. Recommandations dans le cadre du programme pilote national progress! La sécurité de la médication aux interfaces. 2015


5. Améliorer continuellement le circuit médicamenteux
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5.2 Évaluer et améliorer les connaissances des professionnels

Cette partie concerne l'évaluation et formation du personnel (notamment le nouveau personnel).

Les connaissances et les compétences du personnel (y compris le nouveau personnel) en matière de gestion des médicaments doivent être évaluées régulièrement et, en fonction des besoins, des formations doivent être prévues. Ces formations doivent aborder les questions de sécurité, notamment les médicaments à haut risque, les nouveaux médicaments introduits dans l’organisation, les abréviations à ne pas utiliser, les processus de double vérification ainsi que les différentes étapes du circuit médicamenteux (prescription, délivrance, stockage et administration).


5.1 Évaluer continuellement les pratiques liés à la prescription, délivrance et administration

Deux points dans cette partie : 


Processus de vérification du circuit médicamenteux au niveau institutionnel

Pour améliorer continuellement le circuit médicamenteux au niveau institutionnelle, l’organisation doit mettre en place un programme d’amélioration de la qualité de la gestion des médicaments. Ce programme implique l’évaluation régulière du circuit médicamenteux (indicateurs de processus et de résultats), l’identification de défaillances et la mise en place de solutions d’amélioration et la communication de ces évaluations à l’ensemble du personnel.

 

Identification et analyse des quasi-incidents et EI liés aux médicaments

Le deuxième volet de l’amélioration du circuit médicamenteux comprend la déclaration des quasi-incidents et incidents (EI) liés aux médicaments. Cette déclaration envisage le recueil de déclarations (par le personnel et/ou patient), l’analyse des déclarations, l’identification des aspects à améliorer dans le circuit médicamenteux et les potentielles solutions d‘amélioration qui s’y imposent. 


6. Engagement du patient/famille
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6.1 Faire du patient et sa famille un partenaire dans la réduction des erreurs médicamenteuses

Deux points dans cette partie : 


Formation des patients/famille sur l’utilisation sûre des médicaments

Les patients et sa famille sont formés afin d’acquérir des connaissances et des compétences les permettant de participer aux processus et aux prises de décisions concernant l’utilisation des médicaments. Ces actions de formation doivent être adaptées à la situation propre de chaque patient, notamment sa maladie, son niveau de compréhension et littératie en santé, sa culture, ses habitudes de vie, etc.

 

Implication du patient/famille dans la prise en charge médicamenteuse

L’implication du patient/famille dans sa prise en charge médicamenteuse prévoit de :

  • Expliquer au patient et à sa famille l’objectif, l’utilité et les bénéfices des médicaments, les effets indésirables et la manière dont ils peuvent être prévenus et/ou traités
  • Préciser le déroulement du traitement (durée, doses, modalités d’auto-administration, modalités de prise par rapport aux repas ou à l’organisation de la journée …)
  • Faciliter l’expression du patient sur ses préoccupations, incompréhensions et appréhensions quant à son traitement médicamenteux (outil « 5 Questions à poser sur mes médicaments »)
  • Apporter des conseils pour éviter les complications ;
  • Expliquer au patient l’importance de signaler tout évènement particulier ;
  • Faire reformuler au patient ce qu’il a compris (outil « Faire dire »).